Comment valoriser la ressource feuillue française? Débouchés, valeur ajoutée, compétitivité, usages…
Intervenants :
- Maurice CHALAYER – Animateur – Prescripteur – Observatoire Métiers de la scierie
- Norbert HERITIER – Dirigeant – Menuiseries Philibert
- Hervé PEPIN – Dirigeant – Scierie Pepin
Hervé PEPIN : « La scierie Pépin a été créée en 1987. Nous scions essentiellement du chêne, du chêne rouge et du frêne. La baisse de volume est évidente. La FNB mène une action pour pallier ce problème d’exportation vers l’Asie. La Chine a déforesté et le gouvernement chinois a pris des mesures pour limiter l’exploitation forestière en Chine. La ressource est dans une période de creux. L’ONF a annoncé des baisses pour 2022. Certaines scieries ne parviennent pas à s’approvisionner en feuillus. En 2015, la Fédération nationale du bois a poussé pour mettre en place un label UE. Les scieries qui achètent du chêne français doivent le transformer dans la zone euro. Nous voudrions étendre ce label UE également sur la partie des ventes privées. Si on veut pérenniser les scieries en France, il faut rééquilibrer le marché de l’exportation et ce dont on a besoin sur le territoire. Les autres essences que le chêne sont moins en tension. Les essences liées au meuble souffrent. Il n’y a plus de marché sur le merisier par exemple. Le frêne est atteint d’une maladie qui risque de le tuer. Les marchés européens ne recherchent que du frêne blanc. Le problème est que lorsqu’il devient malade, il devient gris. On pourrait les valoriser en sciage pour l’Asie. Entre les scieries de feuillus et de résineux, la mécanisation ne peut pas être la même parce que le produit est différent.»
Norbert HERITIER : « Les Menuiseries Philibert, nous sommes fabricants de menuiseries en bois et bois aluminium. Nous fabriquons entre 5000 et 6000 menuiseries par an. Nous utilisons entre 10 et 15% de feuillus notamment du chêne et du châtaignier. Nous nous approvisionnons en bois local ce qui est bénéfique pour le feuillus. On nous demande par exemple du châtaignier, du chêne. Nous avons une problématique d’approvisionnement. Nous travaillons le carrelet et entre les scieurs et les menuisiers nous avons peu de stock de carrelets. Nous avons une démarche de valorisation du patrimoine immobilier. Lorsque les clients qui sont dans cette démarche viennent changer leurs menuiseries, le châtaignier et le chêne ont des caractéristiques très bonnes. Nous essayons d’apporter de la valeur ajoutée grâce à des finitions que nous garantissons dans le temps. »
Maurice CHALAYER : « L’observatoire des métiers de la scierie est une association créée il y a une quinzaine d’années. Elle a pour objectif d’observer les évolutions du métier de la scierie depuis une cinquantaine d’années. On s’est aperçus que dans les années 90, on avait plus de 3 millions de m3 de prélèvements. En 2015, un peu plus de 2 millions et en 2018 1,8 million. On perd pratiquement 50% du prélèvement de la ressource. On a ciblé le chêne mais c’est une baisse qui concerne toutes les essences de feuillus. Au regard des chiffres de prélèvement, les chiffres sur la transformation ont suivi. Le secteur du résineux emploie de plus en plus de bois techniques. Les utilisateurs veulent des bois séchés, collés. Beaucoup de scieurs de feuillus ont davantage vendus de la matière et n’ont pas suffisamment développé leur usine de transformation. »