Eurobois 2018 – L’investissement dans l’artisanat

La numérisation de l’atelier d’un artisan est-elle possible ? Comment les artisans, comme les industriels, peuvent-ils envisager d’optimiser leur organisation et, ainsi de digitaliser leurs machines ? Comment investir à bon escient ?

Intervenants :

  • Yoann BAGUET, directeur général – Felder Group France
  • Nicolas DIGAIRE, directeur du pôle innovation pour la 2de transformation du bois – Les Compagnons du Devoir
  • Jérôme MARANDA, gérant – Cabinet Vision

Yoann Baguet« Felder Group France est une filiale de Felder KG, groupe autrichien fabricant de machines pour le travail du bois et la seconde transformation, machines traditionnelles comme machines à commande numérique. On se rend compte que le marché évolue énormément, les structures de société changent aussi. Les grosses sociétés se sont expatriées, et, sur le sol français, on se retrouve avec des petites structures seulement. Elles ont besoin, pour concurrencer des grands groupes, d’optimiser leur production. On rentre dans la démarche de numérisation. Elle peut passer par la partie logicielle, par la partie machine et la partie formation. C’est un besoin de l’artisan d’évoluer vers cette démarche-là. Cela devient une obligation même s’il reste quelques niches. Il va devoir, au fur et à mesure, numériser son outil de production pour être plus performant, plus rentable et être plus polyvalent également. Il y a aussi une gestion du flux et du process au niveau de la production, c’est-à-dire qu’une fois qu’on a réalisé tous ces éléments-là sur la partie informatique, il faut passer à la partie production. On cherche à diminuer la manipulation des pièces. Il faut automatiser le transfert de matière. Le prix de la  partie commande numérique, si on parle proprement de la machine, a très largement diminué. Il y a eu une réelle réduction du prix sur la partie machine. Les choses peuvent se faire par étapes. La base et la clef avant de parler des machines, c’est le logiciel. Les matières changent, et les machines s’adaptent aux matériaux. Un menuisier agenceur ne travaille pas seulement du bois, mais aussi des matériaux composites. Il faut pouvoir travailler ce genre de matériaux avec de nouvelles machines. Souvent, quand on pense numérisation, on pense réduction d’effectifs. C’est simplement travailler autrement. Il faut faire monter les gens en compétence. Il faut regarder là où le gain de productivité va être maximal. »

Jérôme Maranda – « Cabinet Vision est un logiciel d’agencement dédié aux fabricants. De plus en plus, les artisans vont avoir besoin de diversifier leur production et ont de moins en moins de grands volumes et de séries. Ils ont besoin de réactivité. La digitalisation permet cette réactivité. Faire des débits à la main ou de l’Autocad ne permet plus d’avoir une réponse assez rapide auprès des clients. Nous avons différentes versions de logiciels. Notre niche de logiciels permet d’avoir une panoplie de différents investissements, et nous accompagnons nos clients sur des versions plus allégées, puis pour faire les liaisons vers les centres d’usinage. Il n’est pas nécessaire de changer tout l’outil de production. Depuis vingt ans, beaucoup de centres d’usinage sont capables de communiquer avec des logiciels. Pour n’importe quel centre d’usinage, nous sommes capables de générer un code machine. »

Nicolas Digaire –  » Les Compagnons du Devoir représente trente métiers confondus. Pour les métiers de menuisier et d’ébéniste, nous avons environ 400 jeunes en formation sur le Tour de France. Nous avons été labellisé Pôle d’innovation pour l’artisanat par l’État, avec plusieurs axes de travail. La numérisation de l’outil de production va permettre à l’artisan d’avoir une meilleure interaction avec ses partenaires. Les cabinets d’architectes demandent des plans sur informatique pour un meilleur traitement des données, ce qui oblige les entreprises à se numériser pour être plus concurrentielles. Les logiciels permettent de faire des visualisations, des vues 3D, ce qui permet de mieux vendre. Certaines grandes surfaces proposent de faire sa cuisine en 3D. L’artisan doit être capable de modéliser en 3D. Quand on accompagne un devis d’un plan 3D, le client se projette plus facilement. Le coût de l’investissement peut être échelonné, mais il faut bien définir les besoins pour l’entreprise et ne pas oublier les compétences humaines. Si l’on investit, il ne faut pas oublier de former les employés. Nous accompagnons les artisans dans cette démarche. Nous sommes partenaires de fabricants de logiciels et de fabricants de machines. Un accompagnement à la numérisation passe d’abord par une bonne définition des besoins. Un accompagnement réussi est un accompagnement collaboratif, où tout le monde se sent investi par la réussite de l’entreprise. »

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