La pose des fenêtres en rénovation est-elle un problème ?
Quentin Desplechin – Architecte Associé VS-A,
Arnaud Meyer – Ingénieur étude de risques Agence Qualité Construction et
Sophie Cuenot – Chef de projet formation CSTB
Quentin Desplechin : « VS-A est une bureau d’étude spécialisé dans l’enveloppe et dans la façade. Nous répondons à toutes les exigences demandées à la façade. Dans la rénovation, la grande difficulté c’est qu’on découvre son support au moment de déposer la façade existante. Il faut vraiment avoir une grande capacité d’adaptation en rénovation. Plus de couts, c’est plus de pérennité pour la suite. On essaie de sensibiliser les équipes de poseurs dès le prototype. On réunit tous les poseurs et on fait des tests d’infiltrométrie qui permettent d’identifier les points de faiblesse. On est plus vigilant. En rénovation, on a souvent des temps de pose très courts parce que souvent les bâtiments sont occupés. On essaie de choisir le plus souvent des systèmes de préfabrication pour poser les équipements directement sur la façade. En logement, il y a différent type de phasage. Pour notre projet à Bagnolet, nous avons commencé par ajouter la nouvelle façade et nous sommes venus chez l’usager pour déposer la nouvelle fenêtre et faire les raccords avec la nouvelle fenêtre. La conservation du dormant diminue le clair de vitrage. Une fenêtre bien posée doit apporter des avantages que l’ancienne n’apportait pas. »
Arnaud Meyer : « AQC est une association de loi 1901 qui regroupe l’ensemble des acteurs de l’acte de construire autour d’une même mission améliorer la qualité de la construction et prévenir les désordres de la construction. La pose des fenêtres est un réel problème en rénovation parce que les fenêtres représentent 15% des déperditions énergétiques. Elles deviennent un élément central de la rénovation thermique. L’AQC mène depuis 2010 une enquête qui s’appelle Rex Bâtiments Performants, c’est une enquête de terrain avec plus de 750 opérations visitées. Sur les fenêtres, on constate la gestion des interfaces notamment entre les parois opaques et les menuiseries. Le diagnostic initial est essentiel. Le diagnostic sur le fonctionnement de la ventilation devrait être un réflexe des menuisiers. Une fenêtre vraiment bien posée est une fenêtre posée selon le DTU après avoir mené un diagnostic global après une réflexion sur le système de ventilation, la thermique. »
Sophie Cuenot : « Au CSTB, nous avons une nouvelle activité : la formation à la mise en oeuvre des fenêtres sur notre site de Grenoble avec une halle de mise en oeuvre de 400m2 avec différents murs pour que les stagiaires puissent s’exercer à la pose dans différents cadres. Il y a une étude du CT qui montre que 40% des fuites du bâtiment provient des menuiseries extérieures et de la liaison entre la menuiserie et le gros oeuvre. On dispose sur le marché de produits sous avis technique dont l’étanchéité à l’air est attestée et la problématique vient essentiellement de la pose. Le poseur doit pouvoir voir si les supports sont suffisamment sains pour pouvoir accepter la nouvelle menuiserie. Le poseur devra toujours s’adapter à une situation particulière. Dans notre formation, on a une session de deux jours qui traite de la construction en rénovation et en construction neuve. Le DTU présente les configurations en construction neuve et en rénovation. Nous avons deux guides pratiques mais on propose surtout des formations. Il est important que les poseurs respectent les cahiers des charges et sachent les mettre en oeuvre. Le travail du métreur est un point très important car c’est lui qui va choisir la fenêtre il doit faciliter le travail du poseur. En dépose totale, on va limiter les ponts thermiques et améliorer la jonction entre la nouvelle fenêtre et le gros oeuvre, mais il faut parfois utiliser les supports existants pour assurer la planéité de ces supports et bien effectuer le calfeutrement entre la fenêtre et le support. Une fenêtre bien posée est une fenêtre de bonne qualité et le respect des règles éditées dans le DTU. »